Cracovie et la région de Malopolska sont la terre natale de Karol Wojtyla – Pape Jean-Paul II. De là, il s’est rendu à Rome, pour le conclave, il y revenait volontairement dans ses souvenirs et lors des pèlerinages à sa patrie : « Ici, sur cette terre, je suis né. Ici, à Cracovie, j’ai passé la plupart de ma vie (…) Ici aussi, j’ai expérimenté la grâce de la vocation sacerdotale (…). Ici aussi, dans la cathédrale de Wawel, j’ai reçu la consécration épiscopale » a-t-il rappelé.
Karol Wojtyla est né à Wadowice, le 18 mai 1920. Il y a terminé ses études collégiales, puis, en 1938, il déménagea avec son père à Cracovie, où il entreprit ses études de littérature polonaise à l’Université Jagellonne. En 1942, il rejoignit le séminaire clandestin métropolitain de Cracovie, et fut ordonné prêtre le 1er novembre 1946. Par la suite, il se rendit à Rome où il poursuivit ses études jusqu’en 1948. La même année, après son retour au pays, il fut envoyé pour sept mois vers une petite paroisse à Niegowic près de Cracovie. Plus tard, il deviendra l’un des pionniers du pastorat de tourisme des jeunes dans la paroisse Saint-Florian à Cracovie, où il fera de la randonnée avec les jeunes dans les montagnes, ou naviguera en kayak avec eux.
La personnalité du prêtre Karol Wojtyla, sa capacité à communiquer avec les jeunes, ses sermons attiraient beaucoup de personnes. Rapidement, on créa un groupe de gens qui non seulement participaient ensemble à la liturgie (à 6 heures du matin!) mais aussi célébraient les fêtes et organisaient des excursions. Ils furent toujours accompagnés par « Wujek » (« oncle » en français), à savoir le prêtre Karol. Au fil du temps, les excursions hors de la ville se sont transformées en voyages dans les montagnes de Bieszczady ou en sorties canoë-kayak à Mazurie. Ces expéditions étaient à cette époque très novatrices. « L’idée est d’être capable de parler de quoi que ce soit, de films, livres, du travail professionnel, de recherches scientifique et de jazz-bands de manière appropriée », expliquait le père Wojtyla.
Dans les années suivantes, il poursuivit ses études de théologie. En 1958, il fut nommé évêque. Peu de temps après, il participait activement aux travaux préparatoires pour le Concile Vatican II et au Concile. Après la mort de l’archevêque Eugeniusz Baziak en 1963, il devint l’évêque métropolitain de Cracovie, et quatre ans plus tard, le pape Paul VI le nomma cardinal. Il est rapidement devenu une autorité de l’Église, philosophe, penseur et théologien de renommée en Pologne et au-delà.
Déjà en tant qu’archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla appréciait l’importance du mouvement de jeunes « Vie et Lumière » (“Światło i Życie”) fondé par le prêtre Franciszek Blachnicki en 1969. La formation religieuse, acquise par des jeunes lors des camps d’été (appelés oasis) a soulevé des inquiétudes du côté des autorités communistes. Les activistes du mouvement ont rapidement commencé à être persécutés. Pour des raisons de sécurité pour l’Église et les fidèles qui la composaient, beaucoup d’évêques prirent leur distance par rapport au mouvement du prêtre Blachnicki. Le développement dynamique des « oasis » ne fut alors possible que lorsque le mouvement reçu une approbation officielle du cardinal Wojtyła présentant ceux-ci comme faisant partie des activités pastorales de l’archidiocèse de Cracovie. À l’époque du cardinal Wojtyla, le ministère universitaire à Cracovie s’est également développé de manière intensive. L’évêque de Cracovie participait souvent à des rencontres avec les étudiants, leur prêchait des retraites et participait à d’autres retraites non officielles. Aussi, sans dire mot, il s’asseyait dans le confessionnal et supportait financièrement ces centres académiques de manière officieuse. L’argent était principalement destiné à financer des camps de vacances, mais parfois aussi pour aider les étudiants les plus nécessiteux.
Après la mort de Jean-Paul I en septembre 1978, le 16 octobre 1978, pour la première fois depuis 456 ans, le pape élu n’était pas italien, mais polonais. Le pontificat de Jean-Paul II était d’ors et déjà unique.
Le jour de l’inauguration de son pontificat, dans son premier discours donné de la fenêtre du Palais Apostolique, avant la prière de l’Angélus, le pape Jean-Paul II a lancé un appel urgent aux jeunes : « … mon espérance, parce que vous êtes la promesse de demain. Vous êtes l’espérance de l’Église et de la société. » Les rencontres et réunions avec les jeunes étaient d’une grande importance pour le Pape. Il a été l’initiateur et le fondateur de la Journée mondiale de la jeunesse.
Jean-Paul II a visité son pays natal à neuf reprises : en 1979, 1983, 1987, 1991, 1995, 1997 et 1999. Sa dernière visite en Pologne fut en août 2002. À chaque fois, il rencontrait les jeunes polonais, comme par exemple, dans la fameuse fenêtre du Pape à Cracovie, 3, rue Franciszkanska.